Entre clichés et vraie façon d’exister, Céline Charlier et Didier Gesquière aventurent une caméra pour dépiauter ce que véhicule le mot « rock ». Il s’agit d’un travail de fond, d’une caméra qui explore. Le Rock (and Roll) n’est pas seulement une musique populaire, une littérature, une danse, une culture de masse, une mode, une industrie, un art de l’image, un cri, une fausse attitude publicitaire… Il est tout à la fois. Il reste, encore et toujours dans son ADN, une manière de dire non !
L’idée d’un film sur le rock germe depuis pas mal de temps dans la tête de Didier Gesquière. De sa rencontre avec la cinéaste belge Céline Charlier, en 2007, naîtra Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll.
Petite chronologie ? En 2010, les premières images sont tournées à Spa. En septembre 2014, le film est en postproduction. Entre ces deux dates, trois années de filmage et dix-huit mois de montage. En autoproduction totale. C’est un choix. Une liberté. Beaucoup de versions, beaucoup de doutes, beaucoup de coupes, beaucoup de visions et pour conclure beaucoup de plaisir. La fréquentation du rock, dans tous ses états, procure une envie d’être libre, de demeurer fidèle à quelques principes, de rester en position verticale !
http://www.sabam.be/fr/sabam/documentaire-rock-and-roll-isnt-only-rock-androll
Non, le rock n’a pas encore dit son dernier cri. La preuve dans un documentaire (belge) qui explore son ADN.
Céline Charlier, après avoir étudié la communication à l’ISFSC, puis le cinéma à l’INRACI, a signé des reportages pour Matière grise et des courts métrages, notamment. Didier Gesquière, lui, fut la voix de l’émission culturelle Javas. Aujourd’hui, il consacre une bonne partie de son temps à la comédie, et a justement joué le rôle de Sinatra dans le court métrage Frank et Dean mis en scène par… Céline Charlier. Une rencontre. Puis une envie: raconter ce qu’est le rock ou, du moins, se demander ce qu’il en reste, à une époque où de trop nombreux violons s’accordent pour dire que le genre est mort. Récupéré par la grande et méchante industrie du disque, c’est un fait. Mais ça ne l’a t-il pas été dès le début? En panne de fièvres, c’est une autre évidence, tant on l’impression que les rockeurs se la coulent désormais un peu trop douce. En manque d’icônes pour le secouer, c’est une observation qui ne se dément pas: où sont passés les Hendrix, les Morrison ou les Cobain pour lui redonner un bon coup de fouet?
«Le rock (and roll) n’est pas seulement une musique populaire, une littérature, une danse, une culture de masse, une mode, une industrie, un art de l’image, un poncif, un cirque débile, une pose, un cri, une fausse attitude publicitaire… Il est tout cela à la fois. Mais il reste, encore et toujours dans son ADN, une manière de dire non!», clament Céline et Didier pour défendre leur longue réflexion. En guise d’arguments, les deux Belges ont suivi le quotidien de David Fox, membre du groupe Vegas. Mais ils ont aussi demandé à un panel varié de personnalités de fouiller les entrailles de leur territoire rock à eux. Plastic Bertrand, Bertignac, Arno, Mademoiselle K, Daan, François De Brigode, Eric Russon… Des témoins d’une époque où l’Histoire du rock a été écrite et racontée mille fois. C’est là toute la différence: ici, ce sont des histoires. Celles de révolutions et de remises en questions perpétuelles, exactement comme le rock l’a exigé – là aussi – depuis le début.
Vers l’Avenir
Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll
de Céline Charlier et Didier Gesquière
Documentaire
C’est quoi le Rock (and Roll) en fin de compte ? Un genre musical ? Une attitude ? Une mode ? Tout à la fois ?
C’est l’ambitieuse question que se posent Didier Gesquière et Céline Charlier, co-réalisateurs du documentaire Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll. Au travers de diverses figures hétéroclites du paysage culturel, dont beaucoup de notre plat pays, les deux réalisateurs tentent de cerner ce qu’est le rock’n’roll et quelle en est sa valeur encore aujourd’hui.
Parallèlement à cette narration multiple, voire chorale, le documentaire en profite aussi pour se faufiler discrètement dans la vie de David Fox, batteur du groupe Vegas et … musicien hautboïste à l’armée ! L’idée n’est donc pas de raconter l’Histoire du rock, mais bien de raconter des histoires du rock vues et vécues par ses témoins. L’occasion de faire connaissance avec la rockitude de personnalités singulières : Arno, Louis Bertignac, Mademoiselle K, Christophe Willem, Daan, François de Brigode, Stéphane Pauwels ou encore Jérôme de Warzée pour ne citer qu’eux. Quelques imperfections techniques et un rythme parfois un peu lancinant ont malheureusement parfois tendance à obstruer la beauté des propos et des moments de vie saisis, mais ne suffisent pas à gâcher la qualité du discours. Un peu rock’n’roll en somme. Entre expériences personnelles et anecdotes légendaires, le discours polyphonique de Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll n’est pas destiné qu’aux amateurs de musique, mais bien à ceux qui aiment ET à ceux qui n’aiment pas le rock. L’occasion de découvrir la part de rock’n’roll que nous avons –presque – tous …
Après 3 années de récolte d’images et pas moins de 18 mois de montage, le documentaire, en autoproduction totale – et avec l’aide de quelques crowdfunders –, Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll sera projeté en première officielle au cinéma Aventure le 30 avril. Le tout ponctué d’un concert de Colline Hill !
Avec ce documentaire, les deux réalisateurs tentent de cerner ce qu’est le rock’n’roll et quelle en est sa valeur encore aujourd’hui.
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas d’un disque qu’on parle aujourd’hui mais d’un film : d’un documentaire, plus précisément. Pas de « Chasse et Pêche » au programme, non non, mais une jolie claque sur ce qu’est le rock aujourd’hui : Rock and Roll isn’t only Rock and Roll. Produit par Didier Gesquière (journaliste et comédien) et réalisé par Céline Charlier (cinéaste), ce documentaire d’une heure laisse la parole à plusieurs dizaines de personnes sur ce qu’est le rock and roll : à des musiciens-phares de la scène rock (Arno, Bertignac, Daan, Romano Nervoso, Mademoiselle K,..), à d’autres auxquels on ne s’attendait pas (Plastic Bertrand, Christophe Willem,..) mais aussi à des fans de musique, à des organisateurs de concerts et à plusieurs personnes à priori assez éloignées du rock tel qu’on le connait (François de Brigode,..). Parce que ce que ce film montre, c’est justement que le rock and roll, c’est loin d’être simplement de la musique. C’est un état d’esprit, une façon de penser, une façon de justement se permettre de penser de la manière dont on le veut. Et il faut dire que cette liberté revendiquée se ressent dans la réalisation du film. En plus des images d’interviews traditionnelles, on retrouve pas mal de plans plus subjectifs, qui semblent être tournés à l’arrache. Entre anecdotes et points de vue purement subjectifs (donc à mille lieux des documentaires factuels qui existent déjà sur le sujet), ce film est du genre à nous filer un bon coup de pied au cul qui nous fait remettre en question pas mal de choses sur la façon dont on vit. Envie d’aller voir ça ? La Première de Rock and Roll isn’t Only Rock and Roll aura lieu le 30 avril au Cinéma Aventure à Bruxelles. Et cerise sur le gâteau, la projection sera suivie par un showcase de l’incroyable chanteuse folk Colline Hill ! On s’y voit ? Plus d’infos ICI et réservation via celine.charlier@hotmail.be
Interview
Vous avez probablement compris qu’on avait été plus que charmés par le film, on a donc décidé de poser quelques questions aux 2 personnes qui en sont à l’origine : Didier Gesquière et Céline Charlier !
LVP : Bonjour ! Premièrement, félicitations pour le film, que j’ai personnellement beaucoup aimé. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, pourriez-vous le présenter en quelques mots ?
Didier Gesquière : C’est un film dont le titre, « Rock and Roll isn’t only Rock and Roll », dit déjà beaucoup. Généralement quand on parle de rock on pense à la musique mais nous, ce qu’on avait envie de faire, c’était de partir de la musique pour parler de plein d’autres choses qui sont en rapport, de tout ce qui se décline autour du rock. Donc on va dire que c’est un film qui parle de musique, avec des gens qui parle de rock, mais qui parlent aussi de vie, d’attitude,.. Ça mélange aussi ce que Céline et moi on sait faire : elle est cinéaste et moi je suis un peu journaliste. Il y a deux « générations » différentes qui sont mises ensemble pour faire un film. Je pense d’ailleurs que ça se ressent parce qu’il y a à la fois un côté interview où Céline filme assez joliment les têtes des personnes qui parlent, elle les met en valeur, et à d’autres moments il y a un côté complètement cinéma documentaire à l’arrache quand on suit David Fox qui est le batteur du groupe Vegas et qui est notre fil conducteur. Donc c’est un film qui mélange du cinéma documentaire du réel puisqu’on est dans sa vie et un côté plus journalistique. Céline : … Mais qui se regarde comme une fiction. Parce quand on dit documentaire, ça peut parfois sembler un peu péjoratif pour les gens qui n’aiment pas les docus. Ce film n’en est pas vraiment un dans le sens où ça sonne un peu « sur les oiseaux, les animaux »,.. Didier Gesquière : Oui c’est ça. C’est un documentaire dans le sens où les gens montrés n’interprètent pas des personnages, mais les spectateurs le regardent comme une histoire, en tous cas ça a été pensé comme ça. Il y a déjà des films géniaux qui ont été faits sur l’histoire de cette musique et nous, on voulait éviter cet aspect « Spécialistes qui parlent du rock » pour que le film dépasse largement le cadre des connaissances. Bien sûr qu’il y a une racine musicale, bien sûr que certains parlent d’Elvis, d’autres du blues, mais c’est juste un prétexte pour raconter comme le rock est rentré dans leur vie, comment ça a peut-être influencé ou changé leur existence.
LVP : Et d’où vient l’idée de faire ce film ?
Didier Gesquière : Céline et moi avions déjà collaboré ensemble lors de 2 de ses court-métrages, Hold Up et Franck & Dean, et on savait qu’on avait envie de retravailler ensemble,.. D’autre part, j’ai toujours dit « S’il y a un truc dans ma vie que j’ai envie de faire, c’est parler du rock », donc l’idée du film est venue assez naturellement, mais je ne sais plus comment elle s’est mise sur la table à un moment donné.
Céline : Tu as toujours parlé de faire quelque chose comme ça et un jour on a vu l’affiche des
Francos et on est partis (ndlr : les premières images du film ont été tournées lors des Francofolies de Spa 2010).
Didier Gesquière : Il y avait aussi eu une superbe exposition au Palais des Beaux Arts à Bruxelles en 2008 qui s’appelait « It’s not only rock and roll, Baby » et plein de choses m’avait parlé. Par exemple un mur de photos qui avait été réalisé par un groupe new-yorkais (ndlr : après quelques recherches, c’était probablement The Kills) qui avait été suivi en tournée. Ils avaient pris des polaroids et avaient fait un énorme mur de photos pour résumer leur vie on tour. Mais cette vie en tournée, c’était à la fois la scène, les coulisses, mais aussi des photos avec leur famille qu’ils emmenaient avec eux, donc ça donnait des trucs dans des hôtels, des moments où ils allaient faire les courses, une des femmes qui allaitait son bébé,… Donc je trouvais ça assez fun de me dire qu’il n’y avait même pas de musique, on pouvait simplement regarder ce mur pour voir ce que c’est le rock. Et c’est vers quelque chose comme ça que j’ai voulu aller. Non seulement dépasser le cadre musical mais aussi donner la saveur de tout ce que je peux penser du rock.
LVP Dans la note d’intention du film, vous dites « L’idée que la musique puisse changer le destin d’une personne me plait ». Elle a changé la vôtre ?
Didier Gesquière : Certainement. Dans des moments de tristesse ou de doute par exemple, cette musique et l’écoute de certains artistes me permettaient de dépasser le cadre un peu bête de la tristesse, de la nostalgie et tout ça. Et dans des moments compliqués, il y avait quelque chose qui me donnait une envie permanente de dépasser le cadre d’un truc pré-établi et ça a sans doute changé ma vie dans ma manière de dire « Bon ben je vais faire les choses à ma manière. Je vais pas spécialement suivre un chemin ou adhérer à des idées ou à des courants que je n’aime pas, je vais juste tenter d’être moi-même ». Déjà parce que je ne sais pas faire autrement mais aussi parce que si je devais aller dans un sens qui ne me convainc pas, alors c’est un problème de probité intellectuelle et je trouve ça terrible. Et ce que je ressens chez tous les gens qui selon moi « vivent rock », c’est pas uniquement la veste en cuir et les pochettes des disques, ce que je constate chez eux, c’est une énorme disponibilité, une certaine solidarité et un besoin d’être soi-même, de ne pas se conformer à ce qu’on attend de toi. Parce que ça, tu ne peux le donner que pour faire plaisir mais si c’est pas toi profondément, oui tu vas faire plaisir mais tu ne peux pas toute ta vie faire des choses pour plaire aux gens, il faut faire des trucs pour toi aussi.
LVP : Et aujourd’hui, musicalement, le rock en est où selon vous ?
Didier Gesquière : J’ai jamais été déçu des courants musicaux et des époques. J’ai toujours trouvé dedans des choses qui me parlaient. Quand je lis des articles où on dit « Les années 2000 ont été à chier », je ne trouve pas que ça soit vrai, je trouve de bonnes choses partout. On avait filmé une fois le groupe Sons of Disaster qui fait du speed rock avec des pogos et tout ça, et j’ai trouvé un plaisir immense à les suivre. Mais je peux aussi parler de Radiohead vers 1990/2000 où tout le monde disait « Soit le rock est mort soit ça a jamais été aussi à chier » et bien je ne trouve pas. Dans le documentaire il y a quelques images du groupe Black Box Revelation. On était allés à l’AB les filmer et pendant ce concert on s’est dit « Waw, on sait pourquoi on fait ce film », ça nous portait. Sinon, regarde Giocomo Panarisi, le chanteur de Romano Nervoso. Quand je vois qu’il reprend Aline de Christophe, que ça s’est transformé en Maria et qu’il est habillé façon glamrock pour la chanter : ça me parle. Le hit qu’il a fait il y a deux ans, ça me parle aussi. Puggy aussi. Quand j’en parle avec certains, ils me disent « Ouais Puggy c’est mainstream, c’est du rock FM », eh ben c’est pas grave. Moi ça me parle. Cette période me touche vraiment de par sa diversité.
LVP : Dans le film il y a énormément d’intervenants : Arno, Daan, Bertignac, Romano
Nervoso, mais aussi plein de gens qu’on ne s’attendait pas à voir dans un documentaire sur le rock comme Plastic Bertrand, Christophe Willem, François de Brigode,… Comment avez-vous choisi les personnes que vous avez interviewé ?
Didier Gesquière : Comme je l’ai dit plus tôt, ça ne m’intéressait pas de faire un film de spécialistes. Par exemple, Marc Ysaye est extrêmement calé, c’est une vraie Bible du Rock and Roll, il peut en raconter toute l’histoire. Mais je ne voyais pas trop l’intérêt pour le film d’écouter ces personnes là. Le rock n’appartient ni aux rockeurs ni aux experts, donc ça m’intéressait plus d’en discuter avec des gens qui n’étaient pas immédiatement identifiés comme étant rock and roll. Par exemple François de Brigode qui l’a pourtant été dans sa vie d’étudiant et qui l’est toujours dans ses choix d’homme aujourd’hui. Ça m’intéressait de l’entendre parler de la façon dont le rock est entré dans sa vie. Christophe Willem, il aborde plutôt l’attitude un peu je-m’en-foutiste, un peu anti-système et ça me parle assez bien parce qu’un expert du rock dirait « Oh non je préfère parler de la musique », mais lui, le définit totalement différemment par rapport à une personne experte ou totalement rock. Autre exemple, Mademoiselle 19. C’est hyper intéressant de voir une jeune fille comme elle qui rebondit sur l’avis de l’artiste flamand Johan Verminnen « Le rock est devenu mainstream, il a perdu de sa valeur de révolte » tandis que Juliette (Mademoiselle 19) répond que « Pour moi, être rock and roll, c’est quelqu’un qui fait les choses un peu librement » donc tu vois, on arrive à quelque chose comme ça, qui dépasse largement le cadre d’une musique et l’expression « Être rock and roll », on l’utilise par exemple pour dire « Wahou, la façon dont on a fait tel truc était rock and roll ». Je n’avais jamais vu, à vrai dire, de documentaire qui dépiaute de mot Rock and roll en posant les mêmes questions à des personnes totalement différentes. Ce qui nous intéresse, ce sont les nuances entre ce que disent les personnes. Par exemple entre ce que dit Romano Nervoso « Si tu m’emmerdes je te pète la gueule » et ce que dit Daan : « Moi quand je vais dans la nature, il y a des arbres qui sont très rock and roll ».
LVP : La rencontre la plus intéressante dans le cadre de ce film, c’était la quelle ?
Didier Gesquière : (Longue hésitation) … Une rencontre qui m’a énormément touché parce qu’il a dit ce que je pensais sans réellement savoir mettre des mots dessus, c’est Giacomo de Romano Nervoso. Ce mec est totalement libre et en même temps, pour l’avoir côtoyé, on retrouve chez lui cette générosité, cette solidarité dont je parlais tout à l’heure. Il y a Daan aussi. L’homme qu’il est, la façon dont il perçoit son métier, comment il le fait, comment il parvient à être à la fois dance, à la fois un peu techno, à la fois chanson française, et à la fois artiste culte de la scène rock,.. Je dirais que ces deux-là m’ont beaucoup touché même s’ils sont opposés.
LVP : Et vous, vous n’avez jamais voulu faire du rock ?
Didier Gesquière : Ah.. Je suis une rock star frustrée. Je n’ai jamais réussi à tenir un instrument de ma vie. Moi je suis comédien, je joue au théâtre et beaucoup au cinéma, C’est sans doute plus rock and roll de jouer au théâtre qu’au cinéma puisqu’il y a un réel échange avec le public mais je pense qu’aucun comédien ne peut savoir ce que c’est que d’être sur une scène et de ressentir l’énergie que te donne un public pendant un concert. C’est sans doute parce que ce public-là est beaucoup moins réflectif. On ne réfléchit pas à la manière dont on va recevoir un riff de guitare. Quand je suis allé filmer des concerts pour le documentaire, je me suis placé sur le côté et derrière la scène et j’ai senti des choses incroyables qui arrivaient du public. J’ai joué beaucoup de pièces de théâtre, mais je n’ai jamais vu les gens se lâchant ainsi physiquement. Parce que le théâtre reste un peu bourgeois et aussi parce que ce qu’on reçoit, ça passe par la tête puis par les tripes. Tandis qu’en concert, ça va directement vers les tripes. Je dis pas que c’est mieux ou moins bien, je dis simplement qu’on ne peut pas ressentir ce qu’un musicien ressent. Et regarde Mick Jagger. Après 5 décennies sur scène, il n’a pas l’air de s’ennuyer. Moi au théâtre je m’emmerdais. Et un truc que j’ai découvert en suivant des musiciens pendant le tournage, c’est que quand ils sont sur scène, ils se regardent réellement. Tandis que les comédiens font souvent semblant de se regarder, c’est dans la mise en scène, c’est un peu fabriqué. J’ai vu Miossec au Théâtre 140 il y a quelques mois et j’ai vraiment ressenti un véritable échange entre les musiciens, échange que moi en tous cas, je n’ai jamais ressenti au théâtre. Donc oui, je suis une rock star frustrée. Complètement.
LVP : Et pour vous, l’album le plus rock and roll, c’est quoi ?
Celui d’un groupe allemand qui s’appelle Einstürzende Neubauten (avec un des musiciens de Nick Cave and the Bad Seeds). Ces mecs, dans les années 70 ou 80, ils faisaient du rock
industriel, ils tronçonnaient du métal sur scène et tout, ils étaient vraiment déchainés. Et il y a 10 ans, ils ont fait un album et une chanson qui s’appellent Silence is Sexy. Le grand écart entre les deux, le fait de dire à un moment que le silence est sexy et la manière dont c’est chanté.. Ça c’est du rock total. Parce qu’ils sont en adéquation totale avec une époque, mais ils disent aussi à un moment donné « On a fait beaucoup de bruit, mais le silence a quelque chose de sexy« . Et le rock de manière générale a quelque chose de très sexy, Mademoiselle K le dit d’ailleurs dans le documentaire. Sinon Nick Cave aussi. Même pas besoin d’un riff de guitare terrible pour se rendre compte qu’il y a quelque chose d’éminent rock dans sa façon de faire de la musique et de traverser le temps.. De rester jeune.
LVP : La suite pour le documentaire c’est quoi ?
Didier Gesquière : Il est diffusé le 30 au Cinéma Aventure, il y aura quelques dates dans le cadre des fêtes de la musique à Gerpinnes, Couvin,… En septembre on fera pas mal de centres culturels et de cinémas et puis on va voir pour des distributions en télé et là, on est partis pour deux ans je pense.
LVP : Parfait, merci beaucoup. Et on se voit le 30 avril !
http://lavagueparallele.com/rock-and-roll-isnt-only-rock-and-roll/
Céline Charlier et Didier Gesquière viennent de dévoiler leur dernier documentaire, « Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll ».
Un documentaire sur le Rock, l’idée germe depuis longtemps dans l’esprit de Didier Gesquière, acteur, journaliste, scénariste, metteur en scène et auteur. C’est de sa rencontre avec Céline Charlier, réalisatrice originaire de Braine-l’Alleud que nait « Rock (And Roll) Isn’t Only Rock And Roll », un documentaire sorti récemment et dont l’aventure démarre il y a 5 ans. « On s’est lancé les yeux fermés et on a petit à petit structuré la chose », confie Céline Charlier. « Plus qu’un documentaire sur la musique, c’est un documentaire de gens qui en parlent et répondent à cette question: c’est quoi être Rock And Roll aujourd’hui? », affirme Dider Gesquière. En 2010, les premières images du film sont tournées aux Francofolies de Spa. Céline Charlier à la caméra et Didier Gesquière dans le rôle du journaliste rencontrent plus d’une centaine de personnes: artistes, écrivains, journalistes, organisateurs de concert ou encore enfants. On retrouve ainsi Arno, Louis Bertignac, Plastic Bertrand, Daan, Giacomo Panarisi (Romano Nervoso), David Bartholomé, François De Brigode, Mademoiselle K, Régine Dubois ou encore Alexandra Vassen. Le fil rouge de ce film, c’est David Fox, membre de Vegas et musicien à l’armée, que les co-réalisateurs ont suivi dans son quotidien.
Un film en dehors des schémas traditionnels
Ce documentaire, Céline Charlier et Didier Gesquière le voulaient différent de ce qu’on a l’habitude de voir. « On est sorti des schémas traditionnels et on a fait quelque chose de différent, aussi bien au niveau de l’image qu’au niveau du contenu », confie la Brainoise. « On l’a fait à notre manière parce que ça nous semblait plus pertinent, ajoute Didier Gesquière. Par exemple, j’aime la façon dont Céline filme les visages. On est au plus près de la personne, mais son visage raconte autre chose que sa voix. » A la base de ce documentaire, cinq questions que Didier Gesquière a posées à chaque intervenant. « Ce qui était intéressant, c’est que les artistes étaient en promo donc un peu en mode automatique avec les journalistes. Nous, forcément, on abordait d’autres questions donc ils étaient vraiment surpris. Ils prenaient vraiment le temps de réfléchir à la question, ils étaient très à l’écoute », affirme Céline Charlier. De toutes ces rencontres sont ressorties 4h de film, qui ont finalement été réduites en 68 minutes. « Je n’avais pas imaginé ce film-là avant de partir. »
Un film qui crée le débat
Ce film, les deux réalisateurs l’ont voulu accessible à tous. « A la base, je ne suis pas du tout fan de la musique rock. A mon sens, le film ouvre la possibilité au spectateur de réagir sur sa vision à lui, comment il le voit. Je pense que ça se laisse regarder comme une fiction, ce n’est pas un documentaire comme on l’entend habituellement », confirme Céline Charlier. Didier Gesquière et elle espèrent désormais sortir le film en DVD, le diffuser en télévision, dans les centres culturelles « et pourquoi pas le milieu de l’éducation ? Ca peut être intéressant pour les enfants d’avoir un débat après le film et de se dire : qu’est-ce que la musique ? Qu’est-ce que le Rock ? ». Le film avait été projeté pour la première fois au Centre Culturel de Braine-l’Alleud le 21 novembre, avant d’être dévoilé au Centre Culturel de Jacques Franck le 12 février. D’autres projections sont prévues: le 5 mars au Rits Café à Bruxelles, le 27 mars au cinéma Caméo à Tamines et la première officielle se déroulera le 30 avril au cinéma Aventure à Bruxelles, suivie d’une set acoustique de Colline Hill.
https://mouvculture.wordpress.com/2015/02/16/mais-au-fond-cest-quoi-le-rock-and-roll/
Le festival Cinémuziek propose notamment un documentaire sur le rock, réalisé par deux Brainois: Céline Charlier et Didier Gesquière.
Le Cinémuziek Festival organisé par le Centre culturel de Braine-l’Alleud, du 18 au 22 novembre propose comme à l’accoutumée exposition, cinéma et musique made in Belgium. Mais intéressons nous au film qui sera à l’affiche ce vendredi 21 novembre: Rock (and Roll) isn’t only Rock and Roll. Pourquoi braquer les projecteurs sur ce documentaire, tout simplement parce que ce sont deux Brainois qui en sont à l’origine: Céline Charlier et Didier Gesquière. L’idée de réaliser un film sur le rock germe depuis pas mal de temps dans la tête de Didier Gesquière. En 2007, il rencontre la cinéaste belge Céline Charlier. Voilà le point de départ de cette aventure cinématographique. En 2010, les premières images sont tournées à Spa. Suivront trois années de tournage et dix-huit mois de montage avant de présenter le résultat en avant-première au festival Cinémuziek de Braine-l’Alleud ce 21 novembre.
«Quel a été pour vous, le premier lien avec le Rock? Une chanson, un artiste, un album, un concert, un film, une image, un parent? C’est de cette manière et par le truchement de cette question que débute notre périple documentaire dans le Rock, expliquent Céline Charlier et Didier Gesquière. Les personnes interviewées et consultées racontent et témoignent. Souvenirs, anecdotes, données historiques, évocations des styles, des courants et contre-courants vont se croiser et se télescoper pour raconter une certaine histoire, forcément subjective, de cette vaste culture. Une narration qui convoque le pluriel afin de dépiauter la singularité du mot rock.» Comme fil conducteur, les deux cinéastes ont décidé de suivre David Fox, membre du groupe de rock belge Vegas. «Nous suivons son quotidien de batteur avec son band, et de musicien hautboïste à l’armée. Comme pour le personnage central d’un film, nous ressentons le rock à travers ce que David dégage. Sa façon de bouger et de vivre raconte une certaine manière d’être en résistance… À ses côtés, une tripotée de figures, rockeurs ou pas, se glisse dans une narration que nous voulons multiple. Nos témoins répondent, face caméra, à nos questions. Ils livrent ce que cette musique a changé ou provoqué en eux. La grande histoire du rock se mélange aux petites histoires et dessine le contour d’une identité.»
“J’avais peur des rockers”
« Raconter ce que le rock provoque en moi n’est pas ma principale préoccupation, explique Didier Gesquière. Mon opinion sur le sujet éveillera de la curiosité chez mes amis ou vieux camarades avec lesquels parler de la chose est toujours un plaisir renouvelé. Je suis un passeur de sensations. Susciter l’envie d’écouter des artistes est plus dans mes cordes. Concernant le rock, c’est l’envie d’entendre des gens me raconter ce qui a fait boum un jour en eux qui me guide. Il n’y avait pas de rock à la maison. Mon père écoutait Frank Sinatra et ma mère Dean Martin. J’avais peur des rockers. Ils étaient provocants, dangereusement libres, toujours prêts à faire du bruit. C’est grâce à une grand-mère qui passait The Beatles sur son pick-up que je découvre le rock. Elle découvre ce groupe anglais sur la fin de sa vie, elle danse seule dans sa cuisine et m’avoue que si elle avait entendu cette musique à l’âge de 16 ans, sa vie n’aurait pas été la même. »
Le festival Cinémuziek propose notammentun documentaire sur le rock, réalisé par deux Brainois: Céline Charlier et Didier Gesquière.